En attendant le retour du maître, les serviteurs jouent aux cartes. Quand il est là, tourbillonnant de cape et sanglant d’yeux de braise et fin de moustache et pointu de canines à vous en percer l’âme, il n’y a plus rien sinon ses ordres ou l’attente de ses ordres. Quand il est là, ses serviteurs ne sont plus que des outils qu’il manie avec dédain. Ce n’est qu’en son absence qu’ils retrouvent leur eux-même, aussi insignifiant soit-il. Ils tuent le temps du plat de leurs cartes dans cette pièce qui leur a été abandonnée. Ils en ont fait quelque chose de bien: plantes vertes et murs peints clairs, minuscule bibliothèque où se côtoient romans d’aventure et journaux presque récents. Rien de lugubre ici, rats passez votre chemin; un petit endroit sympathique où converser de choses sans conséquences avant d’être appelés à nouveau pour disposer d’un cadavre ou étouffer les cris d’une nouvelle captive.