La lumière du jour n’est distribuée que lentement, à partir du puits au centre de la ville. Elle vient lécher d’abord les flancs de la mairie et des riches demeures environnantes, puis est reprise d’une intersection à l’autre par un réseau de capteurs, accumulateurs et relais. Par beau temps, elle se propage ainsi jusqu’au square Girondin à l’est et jusqu’à l’usine de recyclage au nord. Elle va lécher les voitures qui filent sur le boulevard au sud-ouest. Par temps sinistre, c’est à peine si elle déborde passé l’église Saint-Martin-du-Renouveau. L’asile, l’ancienne patinoire et l’ossuaire sont toujours plongés dans le noir; chacun y fait sa maigre lumière selon ses goûts et, surtout, selon ses moyens.