quelques conseils pour l’Halloween

Les morts sont tout près, cette nuit. Il se peut que l’un d’eux s’introduise chez vous, soufflé par un courant d’air, et passe la nuit à errer en votre demeure comme une mouche prise au piège. S’il vous semble accrocher quelqu’un du coude et que vous ne voyez pourtant personne, excusez-vous tout de même. Ne dites pas de mal de vos ancêtres, et ne souhaitez rien à haute voix; vous ne savez pas qui peut vous entendre. Si jamais un défunt vous adresse la parole, répondez-lui calmement et n’essayez pas de changer le sujet. Personne ne cultive une idée fixe comme peut le faire un défunt.

Ne décorez pas votre pelouse de ces fantômes caricaturaux qu’on achète au supermarché. Vous savez de quoi je parle: ces gentils fantômes de dessin animé, tout blancs et mignons, affublés d’un sourire niais ou d’une grimace inoffensive. Si vous vous apprêtiez à recevoir un Noir à souper, orneriez-vous votre pelouse d’un petit nègre en plâtre? Les fantômes restent des êtres sensibles même si nous, on ne les ressent pas.

Savourez. Remarquez comment les lampadaires, entrevus à travers le feuillage mouvant des arbres, scintillent comme autant d’étoiles. Admirez la variété des costumes et l’inventivité de certains. Gardez un peu de chocolat pour vous. Contemplez la lune; hurlez si bon vous semble, mais sachez qu’on pourrait vous répondre.

Donnez des friandises à tous ceux qui viendront vous en demander, même s’ils sont impolis, ou s’ils paraissent trop grands pour en quêter, ou s’ils n’ont pas le bon nombre de bras, de jambes ou de têtes; surtout s’ils n’ont pas le bon nombre de bras, de jambes ou de têtes.

Malgré tout, laissez sortir vos enfants, laissez-les courir. La nuit est là qui les attend, il ne faut pas la décevoir. Si la peur y est aussi, là dehors, c’est bien: on peut l’apprivoiser, mais il vaut mieux commencer tôt.